Le prix du pétrole s’est apprécié de 50% en un an

En un mois, le baril de pétrole a pris 10 dollars et se vend à 93.Le nouveau gouvernement refuse, pour le moment, de répercuter la hausse sur les consommateurs.La marge de manœuvre budgétaire est très étroite.

On n’a pas encore oublié l’envolée spectaculaire du prix du blé que le pétrole réoccupe de nouveau la place de sujet de préoccupation numéro un des économies qui n’en disposent pas : 93 dollars le baril (158,98 litres) en début de semaine. C’est que, en un mois, le baril d’or noir a pris plus de dix dollars, aussi bien à Londres qu’à New York. Et sur un an, l’escalade est proprement vertigineuse : 30 dollars de plus pour le baril, soit une augmentation de 50% (voir histogramme).

De nombreux spécialistes prédisent que la barre des 100 dollars sera atteinte d’ici la fin de l’année. Les tensions politiques persistantes entre l’Iran et certains pays occidentaux, les Etats-Unis et la France plus particulièrement, à propos du nucléaire, sont de nature à maintenir la tendance à la hausse, même si les risques d’une confrontation armée sont pour l’instant minimes.

Pour un pays comme le Maroc (mais il n’est pas le seul, certes), qui vient tout juste de décider de subventionner la farine libre (la farine nationale de blé tendre bénéficiant déjà du soutien de l’Etat), le renchérissement des cours du pétrole est évidemment une contrainte supplémentaire que va devoir gérer le gouvernement qui vient tout juste de s’installer. Car cette envolée est, d’une part, synonyme de hausse des sorties de devises, et, d’autre part, un lourd fardeau sur les consommateurs, personnes physiques et morales, dans l’hypothèse, quasiment exclue pour l’instant, où les pouvoirs publics n’interviendraient pas.

Réforme du système de compensation, le mal nécessaire

Or, si, dans le premier cas, il n’y a strictement rien à faire - car il faut bien assurer l’approvisionnement du pays - dans le second, en revanche, le gouvernement a encore la possibilité de résorber, par la compensation, sinon la totalité, du moins une bonne partie de la hausse sur le marché international. C’est déjà le cas aujourd’hui, et c’est encore ce qu’il compte faire, au moins pour les prochains mois.

Le ministre délégué chargé des affaires économiques, Nizar Baraka, est d’ailleurs catégorique : il n’est pas question de répercuter la hausse sur le consommateur, en réactivant le mécanisme de l’indexation, déclare-t-il en substance, en précisant toutefois que le gouvernement suit l’évolution de la situation pour voir sans doute ce qu’il y a lieu de faire par la suite. Allusion à la réforme du système de compensation, souvent brandie mais jamais réalisée.

Cette réforme est du reste dans l’agenda du nouvel Exécutif, mais il ne commettra pas l’imprudence de commencer avec. S’il a prévu de consacrer 19 milliards de DH à la compensation des prix des produits de base en 2008, c’est justement pour se donner le temps de voir venir. Sauf qu’il risque de devoir débourser plus si la tendance à la hausse des matières premières se poursuit.

Le gouvernement sortant avait prévu 13,4 milliards de DH au titre du soutien des prix pour 2007, dont 8,3 milliards pour le pétrole, il se retrouvera en fin d’exercice avec une facture dépassant les 22 milliards, dont environ 11 milliards pour le pétrole.

Ce contexte, on le voit bien, ne se prête ni aux baisses d’impôts (sauf pour l’IS, mais en se rattrapant grâce à l’élargissement de la base imposable), ni à leur relèvement par le truchement de la réforme de la TVA (synonyme de hausse des prix). La marge de manœuvre est donc étroite. Pourvu que les pluies soient au rendez-vous, sinon le risque de renouer avec de gros déficits deviendra réel.

Source : la Vie economique

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